Les activités de terrain

Bilan intermédiaire des prospections faune dans le cadre du projet PAPECH

Publié le 30 septembre 2021 par Simon Barbier

Contexte général

Il est estimé que les pelouses calcaires s’étendaient sur 100 000 hectares du territoire picard au début des années 1900 contre 6 000 hectares au début des années 2000. Pour tenter de lutter contre l’érosion de ces milieux riches en biodiversité, le Conservatoire d’Espaces Naturels des Hauts-de-France (CEN HdF) lance le projet PAPECH : Le Plan d’action en faveur des pelouses calcaires des Hauts de France. Intégrant plusieurs acteurs naturalistes de la région, ce projet vise à protéger ces milieux ainsi que les communautés qui y sont associées, qu’elles soient floristiques et faunistiques. Picardie Nature intervient donc dans cette étude afin de mettre à disposition ses données, participer aux principes de priorisation, et bien sûr réaliser les inventaires faunistiques.

Méthode de l’étude

Les pelouses calcaires sont définies telles que des « formations à dominante herbacée, pauvres en arbres et arbustes, liées à des régions sèches à précipitation faible ou des biotopes caractérisés par un substrat calcaire et des pentes fortes (coteaux) généralement d’exposition méridionale » (Dutoit, 1996). Cependant, dans le cadre du projet PAPECH, la terminologie « pelouse calcaire » comprend les végétations de tonsures, les pelouses, les ourlets mais aussi les fourrés calcaires. Les entités n’entrant pas dans ces désignations sont donc exclues du projet.

Ainsi, plus de 1200 entités de pelouses potentielles ont été référencées par le CEN HdF en Picardie. Deux priorisations successives ont été appliquées pour réduire la charge de prospection mais aussi écarter les milieux déjà connus. Ainsi, 418 entités ont donc été privilégiées par Picardie Nature pour les prospections de l’année 2021. Il s’agit des pelouses pour lesquelles aucune donnée concernant les taxons indicateurs n’a été saisie dans ClicNat depuis 2010.

Une fiche terrain est remplie pour chaque entité retenue dans le cadre du projet. Elle regroupe des informations relatives à la végétation tels que le taux de pelouse, le taux d’ourlification ou encore le taux de tonsure. D’autres facteurs correspondant aux activités présentes : pâturage, abroutissement par les lapins et activités humaines sont également renseignés.

Afin d’étudier la faune et de caractériser les entités prospectées, plusieurs espèces faunistiques sont à rechercher en priorité. Une liste de 82 espèces indicatrices a donc été établie. Elle comprend des espèces caractéristiques : des espèces inféodées aux pelouses calcaires sensu stricto, et des espèces compagnes : des espèces dont la présence peut augmenter les enjeux affectés à l’entité. Ces espèces sont des Lépidoptères, des Orthoptères et des Reptiles.

Résultats intermédiaires

Les prospections se sont majoritairement étendues entre fin mai et mi-septembre 2021. Lors de cette campagne de terrain, 258 entités ont été visitées par l’équipe de Picardie Nature mais seules environ 120 ont été retenues dans le cadre du projet.

Parmi ces entités, 80 font mention de la présence d’au moins une espèce indicatrice. Le tableau ci-dessous montre que peu d’entités ont accueilli un nombre important d’espèces indicatrices. Ainsi, 20 « pelouses calcaires » ont accueilli au minimum 4 espèces faisant partie de la liste.

72 entités ont été étudiées plus en détails. Les analyses ont mis en avant que les pelouses calcaires picardes sont fortement ourlifiées. Plus de la moitié d’entre elles possèdent plus de 50% de leur surface qui est dominée par les espèces graminoïdes sociales. Parallèlement, les étendues de pelouses sensu stricto sont rares puisque deux tiers des entités sont couvertes à moins de 25% par une végétation de pelouse à proprement parler. Par ailleurs, d’autres analyses ont montré que ces deux facteurs n’influencent pas de manière significative la présence des espèces de la liste. Il n’y a donc pas plus d’espèces lorsque le taux de pelouse est élevé. Face à cela, il n’y a pas moins d’espèces indicatrices lorsque l’ourlification est élevée.

Enfin, la relation entre le nombre d’espèces indicatrices et le total de papillons présents sur l’entité a été étudiée. Celle-ci a démontré que plus il y a d’espèces indicatrices présentes, plus il y a d’espèces de Lépidoptères. Protéger les entités possédant un nombre important d’espèces de la liste revient donc à protéger un nombre d’espèces important. Il est donc possible d’énoncer que ces espèces indicatrices s’ancrent en tant qu’espèces parapluies.

Conclusion

Cette importante campagne d’inventaires a donc permis d’actualiser la présence des pelouses calcaires sur le territoire picard. De plus, ces inventaires ont été doublement bénéfiques puisqu’ils ont permis d’acquérir des connaissances faunistiques pour des sites ne possédant aucune donnée.

Bien que l’état des pelouses calcaires picardes s’avère préoccupant, plusieurs sites possèdent un nombre élevé d’espèces indicatrices. Il est donc important de poursuivre l’effort de prospection et de compléter les inventaires pour les entités possédant un potentiel élevé. Le projet PAPECH n’a donc pas encore émis ses conclusions définitives car il se déroule sur deux années, toutefois ces résultats sont encourageants et plusieurs pelouses calcaires se révèlent comme ayant des enjeux importants.

Mathis BAYARD
Stagiaire de M2 sur le projet PAPECH


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