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Résultats préliminaires de l’impact de plantations de haies sur les micromammifères d’une exploitation du Santerre (80) - Résultats des 7 premières années de suivi de 2003 à 2009.

Publié le 22 septembre 2010 par Sébastien Legris

Cet article est le résumé d’une intervention de Picardie Nature réalisée lors des 2° rencontres mammalogiques picarde à Verberie le 28 novembre 2009. Il synthétise les résultats en cours d’une étude menée de 2003 à 2009, ayant pour objectif de montrer l’impact de plantations de haies en zone de grandes cultures sur une population de micromammifères sur la commune de Marcelcave dans le Santerre (80). Cette étude a été réalisée grâce au soutien financier du conseil régional de Picardie.

En 2002, 13 kilomètres de haies ont été implantées sur une exploitation agricole de 400 hectares, située à Marcelcave, en plein coeur du Santerre. Cette région naturelle de Picardie est couverte en majorité de vastes cultures intensives, les surfaces boisées y sont rares et le relief est globalement plat. Le projet de plantation de haies sur ce territoire présente ainsi divers intérêts scientifiques, environnementaux, paysagers et économiques. En 2003, la chambre d’Agriculture missionne l’association Picardie Nature pour réaliser divers suivis sur la faune dont un sur les micromammifères.

Les micromammifères sont composés de 2 groupes : les insectivores (9 espèces en Picardie) et les rongeurs (19 espèces en Picardie). L’étude de ces animaux en zone de grande culture présente plusieurs avantages, ils jouent le rôle d’auxiliaires (insectivores), mais aussi de ravageurs pour certains rongeurs (Campagnol des champs ou terrestre). Ils ont aussi la particularité d’avoir une faible longévité, un fort taux de reproduction et une capacité de colonisation rapide des milieux nouvellement créés.

L’objectif principal de l’étude est d’évaluer l’impact des haies sur les populations de micromammifères sur une période de 10 à 15 ans. La méthode est basée sur la capture à l’aide de pièges dit "INRA". Tous les 3 mois (février, mai, août et novembre), 3 lignes de 20 pièges ont été posées sur le parcellaire, avec un relevé toutes les 24h, durant 3 jours. 2 lignes ont été placées sur les parcelles avec haies (perpendiculairement aux aménagements) et une ligne de pièges concerne une parcelle témoin (absence de haies). Durant chaque séance, plusieurs éléments ont été relevés : le type de culture présente, le numéro du piège, l’espèce, et l’état de l’animal (vivant ou mort).

Les résultats disponibles concernent 7 ans de suivi de 2003 à 2009, soit 5460 nuits-pièges. Les captures totalisent 198 individus pour 3 espèces : le Mulot sylvestre (87 captures), la Musaraigne musette (59 captures), et le Campagnol des champs (52 captures). Dans l’ensemble, les aménagements semblent avoir eu un effet bénéfique sur les 2 premières espèces (augmentation continue des captures au cours du temps sur les parcelles avec haies), contrairement à la troisième espèce pour laquelle le nombre de captures a été fluctuant et globalement en chute, ceci sur l’ensemble du parcellaire.

Durant les 3 premières années de suivi, la parcelle témoin a cumulé le plus grand nombre de captures, puis la tendance s’est inversée en 2006, en faveur des parcelles avec aménagements. Ces dernières ont ainsi cumulé 56% des captures sur les 7 ans d’étude, semblant démontrer l’effet bénéfique des plantations de haies pour les micromammifères.

Ces résultats positifs sont cependant à considérer avec précaution, d’autres facteurs influençant les populations de micromammiferes (fluctuation pluriannuelle, pression des prédateurs, situation géographique des parcelles...), et en particulier la rotation des cultures. En considérant ce dernier paramètre, les résultats montrent un net intérêt des micromammifères pour les cultures en céréales (66% des captures) par rapport aux cultures sarclées (pomme de terre, betterave, pois...). Au cours des 7 années de suivi, les parcelles aménagées ont été moins cultivées en céréales (3 ans chacune) que la parcelle témoin (5 ans), n’expliquant pas le nombre plus faible de captures sur cette dernière et renforçant ainsi l’idée d’un intérêt des aménagements pour les micromammifères.

En conclusion, ces premiers résultats montrent une fréquentation plus forte des micromammifères sur des parcelles avec haies. L’augmentation des captures de Musaraigne musette et la diminution de celles du campagnol des champs semblent correspondre à un impact positif ; la première espèce jouant le rôle d’auxiliaire et la seconde étant considérée comme ravageur des cultures. Il semble encore prématuré de conclure sur l’effet bénéfique des aménagements, en raison des différents facteurs, évoqués précédemment, influençant l’évolution des populations de micromammifères. Les 8 années à venir devront ainsi conforter les précédents résultats.


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