Protection des busards

A l’arrivée des busards, nous déployons nos jumelles !

Publié le 12 août 2013 par BK

Antoine Perreault, stagiaire pendant trois mois au sein de l’association Picardie Nature, j’ai effectué un long voyage depuis le département de l’Indre et Loire (37), dans la région Centre, pour arriver en Picardie où j’ai tout de suite été dépaysé mais accueilli très chaleureusement. Dans le cadre du stage pour mon BTS Gestion et Protection de la Nature que j’effectue dans les Deux-Sèvres (79), au lycée agricole de Melle, j’ai prospecté dans tous les recoins du secteur d’Hangest-en-Santerre (80) en quête de ces mystérieux busards, qu’ils soient cendrés ou saint-martin. Ces rapaces sont très joueurs et m’ont donné beaucoup de fils à retordre !

D’avril à mi-août, les busards viennent sur nos terres après un long voyage migratoire pour se reproduire et donner naissance à de nouveau-nés. L’objectif principal de mon stage était de suivre ces animaux durant leur période de nidification afin de les recenser et de s’assurer que les oisillons aient les meilleures conditions de nidification possible, en travaillant le plus possible en collaboration avec les agriculteurs. Pour cela, l’étude se déroule en plusieurs étapes :

- Tout d’abord, l’étude du terrain pour repérer les meilleurs points d’observations afin de faciliter les prospections à venir. En effet, les busards sont malins et peuvent emprunter un contrebas à tout moment et disparaître de notre champ de vision.

- Puis, repérer les secteurs les plus convoités et identifier les premiers couples. Des moments magiques sont au rendez-vous avec ces fameuses parades composées de loopings effectués par le mâle pour séduire la femelle.

- Après cela, les couples créent leur nid à même le sol, généralement dans les cultures céréalières, en couchant quelques brins à terre. Puis arrive la ponte. Un mois après, les œufs éclosent. A partir de ce moment toute mon attention fut au rendez-vous. Le mâle apporte des petits rongeurs, majoritairement des campagnols, à sa femelle pour qu’elle puisse les donner à ses petits. Le passage de proie est un moment magnifique s’effectuant dans les airs où le mâle lâche la proie à sa femelle qui se retourne pour l’intercepter au-dessous de lui. Dans certains cas, la femelle n’arrive pas à l’attraper, nous pouvons alors supposer que ce sont de jeune couple pas encore totalement perfectionnés. Une fois munie de la proie, la femelle l’emmène à ses oisillons qui la dévoreront en peu de temps. Équipé de mes jumelles, je suivais celle-ci, sans perdre un seul de ses battements d’ailes, jusqu’à ce qu’elle se pose, ce qui me permit ainsi de localiser le nid plus précisément.

- Dans certains cas, le nid doit être protégé s’il se trouve dans une culture céréalière moissonnée tôt durant l’année, comme l’orge d’hiver par exemple. Les jeunes, alors incapables de voler, se font écraser ou happer par la moissonneuse batteuse lors des moissons. Pour éviter cela, différentes actions peuvent être mises en place :

> La mise en place d’un taquet de protection, en collaboration avec l’agriculteur concerné, ce qui consiste à installer une clôture de forme carrée autour du nid afin de protéger la nichée lors des moissons et après celles-ci, des prédateurs curieux.

> Si le nid est découvert au dernier moment, l’agriculteur peut alors, dans un dernier recours, lever sa barre de coupe lors de la moisson lorsqu’il voit la femelle décoller, permettant ainsi d’éviter les jeunes et de laisser le nid en place.

> Le déplacement. Dans certains cas, le nid peut être déplacé dans un champ voisin, ayant une moisson plus tardive. Cette méthode demande beaucoup de précautions et doit être effectuée par une personne habilitée. Tout d’abord, elle doit être effectuée très tôt le matin pour des raisons de discrétion mais aussi afin de limiter les odeurs pour les prédateurs. Il faut également être vigilant afin de ne laisser aucune coulée de notre passage dans le champ, afin de respecter la culture concernée et pour éviter toute prédation. Une fois au nid, muni de gants, il faut prendre les jeunes méticuleusement et les placer à l’intérieur d’un carton afin qu’ils soient dans l’obscurité, ce qui limite le stress des animaux. L’ancien nid est ensuite dissimulé pour éviter que la femelle n’y revienne. Une trentaine de mètres plus loin maximum, un nouveau nid est créé en couchant au sol quelques épis et les jeunes y sont déposés. Une fois tout cela effectué, un suivi doit être mis en place pour observer si la femelle retrouve bien ses oisillons.

> En dernier recours, si aucune des solutions précédentes ne peut être effectuée, le centre de sauvegarde de la faune sauvage de l’association est mis à contribution pour recueillir ces jeunes. Cependant, cette solution reste pour Picardie Nature un échec. En effet, l’objectif de ce programme de protection est bien que les jeunes prennent leur envol dans leur milieu naturel.

- Dernière étape de la prospection, début août, inventorier les jeunes à l’envol et leur faire un dernier au-revoir avant leur grand voyage migratoire. Ensuite, je quitte ces champs pour me diriger dans les bureaux de l’association à Amiens afin de partager et valoriser mes données sur le site clicnat.fr par exemple.

Le résultat de cette prospection a été le suivant : 7 nids de busard saint-martin et 2 de cendrée avec l’observation de 4 jeunes à l’envol, malgré les pontes très tardives. Un déplacement de 3 jeunes busards cendré, situés dans de l’orge d’hiver, a été effectué vers une parcelle de blé tendre, aux alentours de Villers-aux-Erables (80), en quatre fois répartie sur 5 jours. Malheureusement, malgré notre vigilance, cette action n’a pas été concluante. En effet, la nichée a été prédatée par un renard, confirmé par les excréments trouvés sur place, juste avant le dernier déplacement. Une forte déception pour mon tout premier déplacement effectué. Un échec si près du but !

Ce stage a été une expérience très positive qui m’a apporté beaucoup de connaissances, notamment sur ces planeurs de nos campagnes. Et qui sais, peut être qu’un jour ils recroiserons mon chemin.

Antoine Perreault


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