Gaz et huiles de schiste

Huile de schiste, où en sommes-nous ?

Publié le 3 juillet 2012 par Yves
  • Des arrêtés préfectoraux accordés dans le cardre du permis de Château-Thierry...

Dans le recueil des actes administratif de Seine et Marne du 28 juin 2012, apparaissent 3 arrêtés préfectoraux modifiés portant sur la réalisation de 3 forages de recherches par la société Toréador sur le permis exclusif de recherches de Château-Thierry. Les communes de DOUE, JOUARRE et
SIGNY-SIGNETS sont concernées.La principale modification est qu’il ne sera pas utilisé de boue aux hydrocarbures avant la cimentation du cuvelage..

Ces projets que nous ne voulons pas se concrétisent de plus en plus avec des mesurettes destinées uniquement a rassurer l’opinion publique. Plus que jamais restons
solidaires.

  • Et la fin de la consultation publique sur les nouveaux permis d’explorations

Vous trouverez ci-dessous l’avis de notre Président, Parick Thiery, transmis à Madame la Ministre de l’environnement dans le cadre de la consultation publique.

Madame la Ministre,

Fortuitement informés de la mise à disposition au public, par voie électronique, de documents dans le cadre de l’instruction de demandes de permis exclusifs de recherches d’hydrocarbures nous avons découvert que figurent plusieurs demandes qui concernent les départements de l’Aisne et de l’Oise.

La mise à disposition tardive des demandes ne permet ni aux citoyens, ni aux collectivités de s’exprimer dans de bonnes conditions. L’adresse électronique permettant de recueillir les observations du public n’a d’ailleurs été ajoutée sur la page du Ministère que le 15 février 2012. De même que la possibilité de répondre par voie postale n’a été rendu possible qu’au mois de mai ! L’absence de transparence réelle et de débats démocratiques est parfaitement dommageable. Elle entache la légitimité des autorisations qui seront le cas échéant données par l’administration.

Néanmoins l’association Picardie nature, membre du collectif « Carmen », qui regroupe de nombreuses associations et plusieurs centaines de citoyens, entend intervenir à ce stade. Carmen est né de la volonté populaire, en début d’année 2011, dans le sud du département de l’Aisne (02). Il s’associe pleinement aux autres collectifs citoyens et associations, au niveau national, qui redoutent les conséquences irréversibles liées à l’exploitation des hydrocarbures emprisonnés dans les roches de schiste.

L’opinion publique a découvert très tardivement et avec stupéfaction que de nombreux territoires étaient concernés par des projets d’exploration et d’exploitation de cette ressource dite « non conventionnelle », ceci sans aucune concertation publique préalable. Dès le départ, la population et les Elus n’ont pas été consultés, bafouant ainsi les règles démocratiques de transparence sur les grands projets qui nous concernent.

Les relations privilégiées qu’entretiennent les industriels du pétrole avec le gouvernement, la pression du lobby pétrolier sont telles que les autorisations ont été délivrées sans aucune précaution. La population, les élus, les associations continuent de faire savoir leur mécontentement et leur opposition pour que cette « nouvelle » ressource fossile ne soit jamais explorée ni exploitée.

Les préoccupations des citoyens dont nous faisons partie sont extrêmement fortes. Elles ont été relayées dès le printemps 2011 par des groupes parlementaires, pour demander l’abrogation pure et simple des permis de recherches déjà accordés et l’interdiction d’explorer et d’exploiter les hydrocarbures non conventionnels. Cette nouvelle ressource énergétique, qui n’est pas encadrée par une législation spécifique, représente une véritable aubaine pour les industriels qui veulent exploiter à n’importe quel prix, envers et contre tout.

La loi adoptée le 30 juin 2011 et promulguée le 14 juillet 2011 interdit uniquement, pour l’exploitation, la technique de la fracturation hydraulique, moyen technique qui permet de récupérer les hydrocarbures de schiste. Cette loi autorise indirectement et implicitement l’exploration et l’exploitation de cette ressource non conventionnelle par d’autres techniques, tout aussi destructrices pour l’environnement et la santé humaine.

La fracturation hydraulique qui est autorisée par la loi à titre scientifique n’est pas sans conséquences car le cocktail de produits chimiques utilisés lors de ce procédé technique peut se retrouver dans les nappes phréatiques. Outre Atlantique, les analyses des eaux proches des forages ont révélé que des produits tels que les benzènes, éther de glycol, acides polyphénols se retrouvent lors d’analyses de l’eau à proximité des forages.

De plus, s’ajoute à nos préoccupations, le fait qu’il n’existe pas de distinction claire entre les différents types d’hydrocarbures dits « conventionnels » et « non conventionnels ». Les titulaires de permis conventionnels peuvent donc se livrer à l’exploration de mines d’hydrocarbures non conventionnels, tout comme il est difficile de faire la distinction sur le terrain entre les forages expérimentaux de recherches et les forages d’exploitations.

Les hydrocarbures de schiste sont enfouis dans la roche à plusieurs milliers de mètres de profondeur, bien en dessous des nappes phréatiques. Certains dangers sont à craindre concernant les forages puisqu’il faut forer un nombre conséquent de puits, à peu de distance les uns des autres, dans les différentes couches géologiques.

Il y a quelques mois, des tremblements de terre se sont multipliés en Angleterre. Un lien de cause à effet a été avancé par l’United States Geological Survey entre l’exploitation des gaz de schiste et l’activité sismique. Les roches emprisonnent des bactéries et des gaz qui peuvent remonter en surface de manière incontrôlée et dont on ne peut estimer les interactions multiples avec les produits chimiques utilisés par les pétroliers.

Le risque de contamination de la ressource en eau est à lui seul un motif incontournable pour appliquer le principe de précaution. Nous ne pouvons penser que les produits injectés pour l’extraction ne resteront pas dans le sous-sol, ils migreront alors inévitablement de manière incontrôlée. Il semble impensable de suivre l’évolution exacte des fissurations à plusieurs milliers de mètres de profondeur. Cette contamination de l’eau a d’ailleurs été démontrée récemment aux Etats-Unis par l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA) pour la ville de Pavillion au Wyoming et Dimock en Pennsylvanie.

Bien évidemment, l’exploration pour la recherche, puis l’exploitation d’hydrocarbures engendrent des bouleversements dramatiques sur l’environnement en matière de faune, de flore et de paysages en général. Les allers et retours des camions nécessaires sont inévitablement sources de nuisances sonores et visuelles autour des puits, ainsi que l’utilisation des machines lors des différentes phases d’exploration et d’exploitation.

L’impact réel des émissions de gaz à effet de serre lié aux extractions de pétrole de schiste ne fait pas l’objet d’étude précise à ce jour. Il faut bien entendu prendre en compte l’énergie nécessaire à l’ensemble du processus industriel pour procéder aux forages, aux transports ainsi que les dégagements de méthane qui se produisent lors des extractions ou de fuites comme cela s’est produit aux Etats-Unis.

Qui peut garantir de manière sûre l’étanchéité des puits qui subissent des pressions répétées et qui peuvent se fissurer ? Qui peut affirmer à 100% qu’il n’y aura aucun risque de pollution des ressources dans le futur ?

Comme beaucoup de collectifs citoyens et associatifs, Picardie Nature redoute les conséquences irréversibles liées aux techniques de fracturation, même à titre expérimental, raison pour laquelle nous demandons qu’aucun nouveau permis ne soit attribué ainsi que l’abrogation définitive des permis de recherches et d’exploration de gaz et d’huiles de schiste qui ont été attribués sur tout le territoire.

Nous sommes donc radicalement opposés à l’octroi des autorisations sollicitées et nous demandons aux Ministres et aux autorités concernés de ne pas accorder les permis sollicités ou à tout le moins de surseoir à les examiner jusqu’à la modification du Code Minier et à la tenue d’un débat public national et local.

Confiants dans l’intérêt que vous portez à la préservation de la santé et de l’environnement, nous vous prions de croire, Madame la Ministre, en notre considération la plus distinguée.

Le Président de Picardie Nature,

Patrick THIERY


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